Comme prévu, c'est à 4h00 que le réveil sonne et qu'Ivan entreprend de battre le rappel des troupes pour nous tirer du sac de couchage. Certains ont un peu plus de mal que d'autres à émerger, et c'est finalement à 4h30 que nous entamons notre première marche de nuit (après que David a pensé in extremis à son appareil photo, l'occasion d'un petit sprint dans le noir, toujours risqué...), bien évidemment équipés de nos lampes frontales (et en emportant de quoi prendre le petit-déjeuner au pied du Fitz Roy, si le temps s'y prête). N'ayant pas pris la peine de nous renseigner sur l'heure prévisible du lever de soleil, nous ne savons pas si cet horaire nous permettra d'être dans les temps au sommet, et Ivan attaque pied au plancher la montée extrêmement raide.
Son rythme fait des dégâts et notre petit groupe se retrouve progressivement éparpillé sur le chemin, heureusement suffisamment bien balisé par des piquets pour que chacun puisse trouver sa route dans le noir. Fred et moi atteignons le mirador à 5h45, puis le reste du groupe nous rejoint. Premier constat : nous sommes très en avance, il fait encore nuit noire ! Deuxième constat : nous avons beaucoup transpiré, et le froid mordant (la glace présente sur les dernières portions du parcours nous indique que la température doit être négative) ne tarde pas à faire des ravages.
C'est donc gelés que nous attendons, malgré les tentatives louables de Fred pour nous divertir et nous réchauffer, avec par exemple une partie de pétanque improvisée en jetant des pierres sur d'autres pierres ! Avec le jour qui pointe lentement, c'est une mauvaise surprise qui nous attend : contrairement à ce que laissait espérer le ciel étoilé aperçu au départ, les nuages sont bien présents, autant autour du Fitz Roy que devant le soleil qui se lève. Résultat, le panorama n'est pas à la hauteur de nos espérances ni des cartes postales que l'on trouve jusqu'à Ushuaia, et après une brève attente "au cas où", nous finissons par accepter que cette première marche de nuit ne sera pas récompensée et entreprenons de redescendre (hors de question de déjeuner ici, il fait bien trop froid).

Un lever de soleil nuageux sur le Fitz Roy (chronopanorama x 3)
Certains passages sont très glissants car les premières heures du jour, très froides, ont étendu les endroits gelés. Nous sommes plusieurs à chuter, heureusement jamais avec gravité. Au moins l'exercice nous réchauffe-t-il, et le petit déjeuner pris près de nos tentes achève le processus.
A 10h00 nous quittons le camping, avec un changement de programme inattendu : Ivan, diminué depuis le début du voyage par un rhume carabiné qui refuse de passer, décide de retourner à El Chalten avec 24 heures d'avance pour se reposer et reprendre des forces. David l'accompagne car lui aussi éprouve le besoin de souffler.

Vue du Massif du Fitz Roy depuis la plaine
A 10h15, c'est donc l'heure de la séparation, nous laissons nos compagnons poursuivre vers la ville et empruntons le chemin qui mène au camping suivant, le "De Agostini", au pied du second sommet réputé du parc, le "Cerro Torre". Cette fois le soleil parvient à faire monter la température, et c'est une marche très agréable qui nous est proposée, longeant 2 lacs avant de déboucher sur un chemin d'approche qui nous offre notre premier aperçu du Cerro Torre, aiguille bien plus fine que le Fitz Roy, et culminant environ 100m plus bas que ce dernier.
Le contraste entre la neige qui couvre les reliefs et le bleu intense du ciel (parfaitement dégagé) est superbe, et j'ai immédiatement un coup de cur pour le Cerro Torre qui me semble bien plus gracieux que le très massif Fitz Roy.

Apparition du Cerro Torre dans la forêt
Arrivés au camping vers 13h00, nous installons nos tentes avant de prendre un copieux repas, puisque nous sommes 2 de moins à table ! Nous profitons des douces températures du début d'après-midi car rien ne nous presse. Mais nous décidons tout de même de partir vers 15h30 pour une marche sans sacs à dos, destinée à reconnaître la montée qui mène au mirador du Cerro Torre.
Nous accomplissons l'aller-retour sur la moraine en 2 heures et constatons que, si la vue sur le glacier depuis le mirador est superbe, le lever de soleil sur le Cerro Torre pourra tout à fait être admiré depuis le point de vue situé à 10 minutes du camping. Non seulement nous éviterons ainsi de nous lever trop tôt, mais en plus nous serons plus vite prêts au départ, car nous sommes attendus par Ivan et David à midi le lendemain.

Glacier Grande et le Cerro Torre
De retour au campement, Fred et moi profitons d'un autre effet bénéfique de l'absence de 2 membres du groupe : nous pouvons nous offrir un goûter composé de céréales dans du lait froid (et qui donc gardent tout leur croustillant !). Ensuite, pendant que Matthieu s'offre une petite sieste sous la tente, Florence, Fred et moi gagnons un emplacement en surplomb du camping, où un petit mur de pierre a été dressé pour servir de protection contre le vent (qui, en passant sur le glacier, se refroidit considérablement).
Ainsi abrités, nous profitons du soleil en discutant; moment privilégié que ces quelques minutes de repos où nous pouvons profiter de la joie toute simple d'être dans ce lieu magnifique, si loin de chez nous... A 19h00 déjà nous préparons le repas du soir, et malgré les portions supplémentaires dues à notre nombre réduit, nous ne faisons pas de restes ! Comme la veille, nous allons nous coucher vers 20h00 : demain, c'est encore un réveil avant le lever du jour qui est programmé...